GASPARD

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PINCER LE RÉEL

A l'aide d'un liant Gaspard étale du sable, de la poudre de marbre ou de fer sur une surface carré qu'il solidifie puis rature. Entre la matière lourde soumise aux lois de la pesanteur et le carré qui est une figure de l'esprit il établit une relation à programme. Mes "tableaux de matières" écrit l'artiste explorent (proposent) une esthétique picturale du réel dont les trois composantes principales sont: Formats, Epaisseurs et Lumière.

Au premier coup d'oeil, il n'y a pas grand-chose à voir dans les tableaux de Philippe Gaspard sinon le grammage et la couleur naturelle du sable ou de la poudre mais aussi les ratures qui occupent la surface. L'artiste griffonne ses matériaux monochromes comme pour laisser des traces aléatoires qui n'ont strictement rien d'organique ni de figuratif. En regardant plus longuement ces griffonnages on pense immédiatement aux pattes de mouettes sur la plage, aux traces d'un vaisseau spatial sur la lune, ou à je ne sais quel dessin. On remarque aussi des brillances, des aspérités et milles choses peu ordinaires. Ce phénomène optique où l'oeil se promène et rêve sur une surface ordinaire en accord avec l'imagination est considéré par Léonard de Vinci comme un exercice qu'il conseille aux artistes, "pour exciter l'esprit, à diverses inventions". Gaspard en prend note mais dans sa peinture, il ne veut pas "inventer" des choses à contours. Pour lui, "C'est le regardeur qui fait le tableau".

Ce mot célébre nous raméne à Marcel Duchamp, l'artiste le plus énigmatique de toute l'histoire de l'art. Par une opération du Saint Esprit qui lui est tout à fait personnelle, Duchamp fait de la faculté optique où l'oeil se promène et rêve en accord avec l'imagination, la seule origine de l'oeuvre d'art. L'oeuvre d'art est là, elle est dans tout. En 1959, Yves Klein vend sa fameuse "Zone de sensibilité picturale immatérielle" c'est-à-dire rien. Il fait fort. L'oeil n'a même plus besoin de prétexte visible pour créer l'oeuvre. Le mot de Léonard de Vinci révisé par Marcel Duchamp et porté par Yves Klein à son apogée énerve encore beaucoup de monde. Gaspard prend le mot de Léonard mot à mot. Il jette son dévolu sur la matière brute et d'une manière parfaitement radicale.

Il se promène sur les plages. Il ramasse du sable. Il le présente à la verticale et le fait tenir sur un châssis carré pour que l'on puisse le lire ou le contempler. Ses oeuvres aux matières naturelles et sauvages mettent en cause la domesticité des murs peints du salon. L'artiste leur impose une dialectique des surfaces qui relève d'une approche conceptuelle du métier de peindre. Au XVIIIème siécle Gaspard aurait peut-être peint des paysages. Aujourd'hui, il les manipulent: le sable de Tiznit, de Laguiole, de Las Palmas, de La Palmyre ou de La Turballe, sont ses "morceaux choisis de paysage", les preuves matérielles de ses voyages. Cette démarche trahit la vie intime de l'artiste, son romantisme peut être. Mais l'attitude quasiment scientifique que l'artiste adopte face à la nature semble paradoxale. Ses prélèvements de différents types de sable rendent compte à titre de documents presque, de la diversité géologique des produits de la terre dans ses différentes régions géographiques. Présentées côte à côte sous la forme des tableaux, Las Palmas, La Palmyre, La Turballe déclenchent l'étonnement, jusqu'à la fascination. Gaspard s'empare du réel et le pince. Il en est un collectionneur très pointu

Iléana Cornea

Critique d'art. Auteur d'une monographie sur Raimond Hains.

TO GRIP THE REALITY

Using solidified mixed medium Gaspard lays out sand, iron or marble powders on a square surface, then erases it. He establishes a relationship between heavy matter and the laws of gravity, and the spirit image of the square shape. Artist wrote: My "Textural paintings" explore (offer) a pictural esthetics of reality whose three principal components are: Formats, Thicknesses and Light.

At first glance, there is not much to see on Philippe Gaspard paintings. Only the natural sands texture, or powdered colors, but also errasures occuping the square surface. The artist scrawls this monochrome material with random traces which are strictly anything organic or figurative. When looking at these scribblings more intensely one thinks immediately of gulls legs on the beach, spaceship traces on the moon, or do not know which drawing. Brightnesses are also noticed, asperities, and thousands of not very ordinary things. This optical event when the eye walks and dreams on an ordinary surface, just as with imagination, is considered by Leonard de Vinci as advises exercise for artists "to excite the spirit, with various inventions". Gaspard takes note of it but in his paintings he does not want "to invent" anything with contours. For him, "that is the observor who makes the picture".

This famous saying goes back to Marcel Duchamp, the most enigmate artist in art history. By a completely personal "Saint-Esprit" operation, Duchamp makes this optical faculty where the eye walks and dreams in agreement with imagination, the mere origin of art. Art work is there, it is everywhere. In 1959, Yves Klein sold his famous "immaterial pictorial sensitivity zone", nothing: he is very radical. Eye does not have visible pretext to create art. Leonard de Vinci concept revitalized by Marcel Duchamp and the apogee that carried on by Yves Klein still irritates many people. Gaspard is appropriating Leonard maxime. He choose a totally radical way with raw materiality.

He walks on the beaches. He collects sand. He presents it verticaly on a square canvas so that one can read it or contemplate it. Its earthy wild textured paintings questions the civility of the painted living room walls. The Artist imposes a dialectics of the surfaces which concern for a conceptual approach from the painter work. In the 18th century Gaspard perhaps would have been a landscape painter. Today, he handles them: the sands from Tiznit, Laguiole, Las Palmas, La Palmyre or La Turballe, are its "selected landscape pieces", the materials are proofs of his journey. This practice betrays the artist's intimate life, maybe his romanticism. But the almost scientific artist attitude with nature seems paradoxical. Its various types of withholding sand almost duplicate the evidence of geological diversity of ground materials in differents geographical areas. Side by side presented on painted shapes, Las Palmas, La Palmyre, La Turballe generate surprise, until fascination. Gaspard takes reality, and pinches it. He is a very precise collector of "reality".

Ileana Cornea

(Art Critique. Author of monography about Raymond Hains).